PATRIMOINE BÂTI

Parmi les bâtiments présentés, ceux qui ont su conserver à travers les époques une intégrité au niveau de leurs éléments architecturaux d'origine sont ornés, selon la volonté de leur propriétaire, d'une plaque d'identification signifiant la valeur patrimoniale exceptionnelle ou supérieure de ces bâtiments. Celles-ci visent également à donner aux passants des renseignements sur la date de construction et sur le style architectural. Ces derniers sont identifés par le symbole .

> Secteur de la place de l'église
> Secteur du manoir
> Secteur du bassin
> Secteur de la rue Saint-Ignace

 

Secteur de la place de l'église

L'histoire de cet important secteur a été marquée par plusieurs évènements. La construction de l'église Saint-Thomas entre 1771 et 1780, à la suite du départ forcé de la Pointe- à-la-Caille, a entraîné la formation d'un nouveau village. Les habitants ne tardèrent pas à se regrouper autour de l'église, laquelle constitua pour un temps le noyau de la vie villageoise. Il fallut peu de temps pour que de petites rues soient ouvertes et façonnent un environnement relativement urbain au nord de la rivière du Sud.

Vers 1820, Montmagny cesse d'être un village rural pour former un petit bourg et un centre de services. On y trouvera bientôt un marché et plusieurs artisans, marchands et professionnels construisent leur maison à proximité de l'église. Au début du XXe siècle, ce secteur accueille de petites manufactures : une fabrique de cercueils, rue Saint-Louis, une tannerie, rue Sainte-Marie, trois imprimeries, rues Saint-Thomas, Saint-Augustin et Saint-Jean-Baptiste, deux fabriques de boissons gazeuses, rues de la Fabrique et Saint-Étienne et enfin, une petite fabrique de médicaments, rue Saint-Jean-Baptiste.

À partir du XIXe siècle, d'autres bâtiments institutionnels tels que le couvent, le collège des frères du Sacré-Coeur, le bureau de poste et le manège militaire ont également modifié l'architecture de la ville. Leurs fonctions ont généré une activité de type urbain.


 

  • Quelques résidences du secteur

    ÉGLISE SAINT-THOMAS
    1, place de l'Église

    Construite entre 1949 et 1953, l'église Saint-Thomas que l'on peut apercevoir aujourd'hui est en quelque sorte la sixième église de la paroisse et la cinquième à être érigée sur ce site. La première église de la paroisse Saint-Thomas a été élevée au début du XVIIIe siècle à la Pointe-à-la-Caille, en bordure de l'embouchure de la rivière à la Caille. Il faut attendre le début des années 1770 pour voir une église sur les lieux actuels. Parachevé en 1780, le second temple de la paroisse subit plusieurs modifications en 1821. En 1898, l'architecte Georges-Émile Tanguay agrandit considérablement le temple et lui donne une façade de style palladien avec un large fronton et des colonnes. Des modifications importantes y sont apportées en 1922 alors que l'architecte Pierre Lévesque construit une façade avec deux tours très massives. Malheureusement, ce temple sera la proie des flammes le 31 octobre 1948.

    Ironie du sort, la destruction de l'église Saint-Thomas concorde avec le début des pourparlers sur la légitimité de créer un nouveau diocèse sur la Côte-du-Sud. Ce n'est donc pas un hasard si l'architecte Albert Leclerc donne des allures de cathédrale au nouveau temple à construire. C'est finalement la paroisse de Sainte-Anne-de-la-Pocatière qui recevra le siège du nouveau diocèse en 1951. De façon générale, l'église Saint-Thomas répond aux caractéristiques communes au style néogothique. Son carillon de quatre cloches est surmonté par une longue flèche qui domine le paysage. Toutefois, la diversité des volumes de ses ouvertures en forme d'ogive, ses murs en pierre de granit taillée, son toit en cuivre et ses portes ornées de scènes religieuses en cuivre repoussé lui confèrent une allure qui donnera le ton aux églises modernes. Son intérieur présente également des éléments traditionnels traités de façon contemporaine. Il comprend un choeur en saillie et une voûte arquée. On y trouve 414 bancs et trois autels.

     

     

    PRESBYTÈRE DE SAINT-THOMAS
    140, rue Saint-Jean-Baptiste Est

    Le presbytère de la paroisse Saint-Thomas se situe juste au sud de l'église. Il a été construit à partir des ruines du précédent en 1870, à la demande du curé Louis-François-Léon Rousseau. Il a subi des transformations importantes en 1899. Les traits architecturaux du bâtiment peuvent être associés aux styles monumental et néoclassique. C'est ce dernier qui domine, notamment dans la fenestration et par l'ajout de consoles sous le larmier du toit. À l'avant du presbytère, le tocsin que l'on apercevait au début des années 1800 a fait place à un mât de pavillon. Celui-ci servait à transmettre des messages.

     

     

    MAISON NAZAIRE-BERNATCHEZ
    32-36, rue de l'Église

    Bâtie avant 1880, cette maison appartient à la famille Bernatchez depuis sa construction. Elle fait partie d'un domaine agricole que possédait le cultivateur Eugène Bernatchez dans les années 1870. Saint-Thomas-de-la-Pointe-à-la-Caille accueille le premier de cette illustre famille en 1739 : Jean Barnèche. Elle a abrité Nazaire Bernatchez, un marchand spécialisé dans la vente de farine, pommes de terre, grains et produits d'épicerie et qui fut également le premier maire de la ville de Montmagny. La maison Nazaire-Bernatchez est un bel exemple de l'esprit néoclassique qui domine l'architecture québécoise à la fin du XIXe siècle.

     

     

    ANCIEN BUREAU DE POSTE
    118, rue Saint-Jean-Baptiste Est

    Cet édifice public a été construit en 1906 selon les plans de l'architecte Thomas Fuller. Celui-ci est bien connu pour avoir dessiné ceux du parlement d'Ottawa, entre 1859 et 1867. L'architecture du bureau de poste de Montmagny est difficile à qualifier. On peut y voir un éclectisme victorien en raison de ses grandes lucarnes et des consoles entre la chute du toit et la façade qui, à l'origine, comprenait deux entrées avec escaliers. La façade est surmontée par une lucarne imposante et stylisée où l'on peut lire les lettres « E.R ». Ces lettres renvoient à l'expression Eduardus Rex, transcription latine de « Règne d'Edouard », en référence au roi d'Angleterre Édouard VII, couronné en 1902.En 1934, on procéda à un agrandissement de l'ensemble vers le nord. Sir Étienne-Paschal Taché, en 1832, semble être le plus ancien maître de poste à Montmagny, d'autres lui succèdent dans les années qui suivirent. Mentionnons que le premier maire de Montmagny, Nazaire Bernatchez, a également assumé cette responsabilité entre 1878 et 1879, de même que Joseph-Gaudiose Paradis, entre 1898 et 1912. 

     

     

     

    MAISON SIR ÉTIENNE-PASCHAL-TACHÉ
    37, rue Sainte-Marie

    La maison sir Étienne-Paschal-Taché a été construite entre 1821 et 1828 pour le médecin Étienne-Paschal Taché, reconnu aujourd'hui comme l'un des Pères de la Confédération canadienne. Les caractéristiques architecturales de la maison correspondent à l'architecture néoclassique. À la fin des années 1820, la maison Taché était la plus grande résidence de Saint- Thomas, après le manoir seigneurial d'Antoine-Gaspard Couillard.

    En 1855, son propriétaire y fait des changements importants, souhaitant probablement mieux accueillir les plus hautes personnalités du pays. Après avoir rallongé sa résidence vers l'est, il la dote d'une cuisine spacieuse au rez-de-chaussée. À l'étage, il fait construire des chambres supplémentaires pour les domestiques. Au sud, il entreprend d'aménager une grande véranda permettant d'avoir un accès visuel sur le jardin. Au nord, il ajoute une galerie puis une tourelle qui offre une belle vue sur le fleuve. La seconde tourelle, que l'on voit encore aujourd'hui, a pour sa part une fonction purement esthétique. Elle a été occupée par la famille Taché jusqu'en 1884.

     

     

    MAISON JOSEPH-OCTAVE-BEAUBIEN
    100, rue Saint-Jean-Baptiste Est

    Cette maison a été construite entre 1852 et 1855. Avant son érection, une école de l'Institution royale se retrouvait sur le site de même qu'une maison en bois où résida le médecin Joseph-Octave Beaubien. La maison Joseph-Octave-Beaubien possède une architecture dite monumentale. Mais elle se situe à la fois dans les styles palladien et néoclassique, en raison de certains éléments architecturaux.

    Parmi les occupants de cette résidence somptueuse, on compte des personnalités importantes. Le premier est Joseph-Octave Beaubien, célèbre pour avoir été député libéral dans le comté de Montmagny à la Chambre d'Assemblée de la province du Canada en 1858, 1861 et 1863. Au début du XXe siècle, elle passe aux mains de la famille Rousseau, reconnue principalement pour leur entrepreneurial dans le milieu industriel (Electrical Manufacturing et Rousseau Métal). La famille Rousseau la possèdera jusqu'en 1987, année où elle sera transformée en auberge.

     

     

    MAISON JOSEPH-LUDGER-GAGNON
    97, rue Saint-Jean-Baptiste Ouest

    Cette maison a été construite en mai 1916 et peut-être selon les plans de l'architecte lévisien Lorenzo Auger. Elle se situe dans la partie la plus urbanisée de Montmagny. Ce bâtiment répondait parfaitement au besoin de son propriétaire qui comptait y exploiter une pharmacie et y loger à l'étage. Son architecture étonnante est difficile à qualifier. L'éclectisme est omniprésent. Il s'agit d'un petit édifice en briques rouges de type vernaculaire américain où une influence néogothique est révélée par une remarquable fenestration. Elle a subi plusieurs modifications au cours des ans.

    Cette maison s'élève sur le site de l'ancienne boutique du sellier J. H. Fortier. En mai 1916, le docteur Joseph-Ludger Gagnon fit enlever cet atelier pour construire l'édifice actuel de la pharmacie. Il a certainement demandé à un architecte de dessiner les plans, car le dessin architectural de l'ensemble a été reproduit sur une carte postale datant possiblement de 1916. À cette époque, ce médecin tire son épingle du jeu malgré une faillite survenue en 1923. Vendue à l'enchère, sa maison passe aux mains de l'architecte de Lévis Lorenzo Auger (1879-1942). Gagnon réussit toutefois à récupérer cette maison en 1925, mais il doit la revendre deux ans plus tard à Antoine Bélanger, un médecin de Saint-Aubert. Quittant Montmagny pour Québec, Gagnon décide alors de se faire construire un laboratoire et un garage, rue Laval, selon les plans de Lorenzo Auger. Il fait donc une tentative dans la production et la commercialisation de médicaments contre la grippe, la faiblesse, l'anémie et les maux appelés Remèdes Faguet. L'entreprise semble connaître le succès. Gagnon rachète sa maison à Montmagny. Il y ouvre sa fabrique d'élixirs qui permet alors de fabriquer cinq variétés de remèdes. Après son décès, l'immeuble passe aux mains du pharmacien de Québec Charles A Bergeron, en 1941, puis à Denys Thibault en 1968.

     

     

    MAISON THOMAS-THIBAULT
    37, rue Saint-Jean-Baptiste Est

    Cette maison a été construite vers 1874. Se situant aujourd'hui dans un secteur très urbanisé de Montmagny, elle a pourtant fait partie d'une propriété agricole durant plusieurs décennies. Ceci explique sa localisation en retrait de la rue Saint-Jean-Baptiste. Cette maison est l'un des rares exemples à Montmagny de la subsistance du toit mansardé à quatre versants. Ce type de toit permet l'ajout d'un gain d'espace. Se rattachant au style Second Empire, elle a une jumelle quasi identique à Québec dans un secteur de villas.

    On attribue la construction de cette résidence à Thomas Thibault. Une tradition orale veut que ce menuisier l'ait lui même construite. Après son décès, en 1885, la maison passe aux mains de sa femme Flore Bernatchez. En 1898, celle-ci la donnera à son frère cultivateur Eugène Bernatchez. Cette restera la propriété de la famille Bernatchez jusqu'en 1986. À partir de 1934, les descendants y exploitent une conserverie. En 1938, de 1 200 boîtes de tomates, 240 boîtes de maïs et 200 boîtes de légumes en macédoine y ont été fabriquées. Quant à elle, la propriété agricole sera morcelée au cours des années, notamment pour l'ouverture de la rue Michon au nord de la propriété.

     

     

    MAISON AMABLE-BÉLANGER
    5, rue Saint-Jean-Baptiste Ouest

    Cette étonnante maison a été construite en 1906 par Amable Bélanger, et selon les plans de l'architecte Georges-Émile Tanguay (1893-1915). Bélanger est le fondateur d'une industrie très importante qui portera son nom durant plus d'une centaine d'années. Destinée à son fils Amable, cette résidence se situe juste en face de l'entreprise familiale. Elle était sans l'ombre d'un doute la plus vaste et la plus luxueuse maison de Montmagny au début des années 1900.

    L'examen de l'intérieur de ce bâtiment permet d'apprécier ce qui était réservé au jeune Amable. Le sous-sol comprend une chaufferie, une soute à charbon, une buanderie, une chambre froide et un cellier. Le rez-de-chaussée pour sa part est composé d'un salon, d'une bibliothèque, d'une salle à manger, d'une salle de jeu pour les enfants et les cuisines. L'étage est occupé par six chambres à coucher. Deux d'entre elles sont réservées aux domestiques. Les Bélanger l'habitent jusqu'en 1918 et la louent par la suite à Philippe Béchard. Ce dernier est un des actionnaires de l'usine Bélanger et un important homme d'affaires à Montmagny. Il vendra cette maison en 1934 à T.E. Boudreau. Cet ancien hôtelier de Rivière-du-Loup la convertira en hôtel et la nommera Château canadien.

    L'examen des caractéristiques de cette résidence se réfère à l'architecture néogothique et néo-Queen-Anne. Ce style plutôt éclectique fait référence à Anne Stuart qui a été reine de l'Écosse et de l'Irlande de 1702 à 1714. La surcharge de son ornementation illustre bien ce style étonnant. La présence de lucarnes imposantes, de deux cheminées, de baies en saillies, d'un portique surmonté d'un balcon et de colonnes imposantes pique la curiosité. Comme cette maison a été construite par les employés d'Amable Bélanger on ne s'étonnera pas de voir une balustrade en fonte dont les motifs proviennent de la fonderie de son propriétaire. Cet édifice étonnant a attiré le regard des photographes. C'est pourquoi, on commence à imprimer des cartes postales le représentant dès le début du siècle.

     

     

    MAISON ALEXANDRE-ROBIN
    2, rue Saint-Jean-Baptiste

    Cette maison a probablement été construite un peu avant 1874. Elle se situe dans un secteur qui s'est très tôt industrialisé en raison de la présence de la Fonderie Bélanger à la fin du XIXe siècle. Sa localisation permettait à ses occupants de créer des liens à la fois entre les habitants de la zone urbanisée de Montmagny et ceux de la zone plus rurale où l'on trouve à cette époque de petites fermes familiales entourées de clôtures de cèdre. Cette maison québécoise possède un atout important, une cave assez haute pour avoir y loger un atelier. À ses débuts, on y trouvait sans doute l'atelier d'un cordonnier, puis à partir de 1935 probablement celui du menuisier Jean-Baptiste Robin. Avec son toit à deux versants, ses deux cheminées, ses trois lucarnes, cette résidence possède des fenêtres disposées de façon asymétrique. On notera l'inclinaison des murs de côté vers l'extérieur. En façade, la mouluration des quatre fenêtres se terminant par la forme de la virgule dite de Montmagny. Dans les années 1870, cette maison et ses dépendances appartiennent au cordonnier Alexandre Robin. Ses descendants la conserveront plusieurs années, avant qu'elle soit achetée par Eutrope Méthot en 1946. Ce dernier la lèguera à Jeannine Méthot en 1977.

     

     

    MAISON ALBERT-NORMAND
    77, avenue de la Gare

    Cette maison a sans doute été construite en 1907. Son architecture est de style Néo-Queen Anne. L'abondance de formes (tourelle, galerie, colonnes tournées, etc.) caractérise bien cette influence, quoique l'ensemble est construit en brique rouge, signe que le style vernaculaire états-unien commence à se faire sentir dans les régions du Québec. L'examen de cette maison permet de voir qu'elle a remplit plusieurs fonctions. Elle a abrité des bureaux de professionnels, au rez-de-chaussée et à l'étage deux logements. Une vaste galerie couverte et généreusement pourvues de colonnes ceinture les côtés ouest et sud de la maison. Il est à noter que toutes les fenêtres sont ornées de vitres ornées de motifs imitant le vitrail. Il est à peu près certain que le terrain sur lequel se retrouve cette maison a accueilli d'autres bâtiments au XIXe siècle, puisque au moment de la vente de la propriété en 1907 on comptait déjà des bâtisses et dépendances. La maison précédente qui a été démolie a appartenu à Alphonse Nicole et Israel Dominique. Ainsi, en 1908, Arthur Gamache vendait la propriété au marchand Albert Normand. Ce dernier s'est peut-être fait construire cette maison après son mariage en 1904 avec Rose Proulx. Elle sera la propriété de sa famille jusqu'en 1976, au moment de son achat par l'avocat Réal Garant.

     

     

    PALAIS DE JUSTICE DE MONTMAGNY
    25, du Palais de Justice

    La construction du palais de justice remonte à la période de 1860-1862 et fait suite à la création des districts judiciaires au Canada Est. En octobre 1857, Étienne-Paschal Taché, qui s'occupe de l'ouverture de ces institutions, offre un terrain pour ouvrir une rue et ériger une cour de justice. Le 14 novembre, la municipalité de comté de Montmagny cède ce terrain au gouvernement fédéral afin qu'il procède à la construction d'un tel édifice. Le palais de Justice a été construit selon les plans de l'architecte Frederick Preston Rubidge du département des Travaux publics du Canada-Uni. Ce modèle d'édifice, dans le plus pur style néo-classique, correspond à celui qui sera généralement adopté dans les autres districts judiciaires. Fabriqué en pierre de taille provenant de Cap-Rouge et de Château-Richer, le corps principal s'étend sur 90 pieds de longueur par 45 pieds de largeur. L'annexe qui forme la prison mesure 52 pieds de longueur sur 36 pieds de largeur. Surmontée d'un fronton, la façade centrale, siège du tribunal, s'avance par rapport au reste du bâtiment. Le bâtiment de Montmagny a été érigé par Henry Benson-Sinclair, entrepreneur de Québec et Joseph Skelsey de Montréal. Certains ajouts ont été faits dans les décennies suivantes : une aile à l'ouest, en 1919, une autre annexe à l'est en 1956 et une autre au nord-ouest en 1962. L'aile renfermant la prison a été en activité jusqu'en 1975.

    Parmi les faits qui ont marqués ce bâtiment, notons les deux sentences de pendaison qui ont été exécutées dans la cour intérieure, l'émeute de 1962 provoquée par une dizaine de prisonniers et enfin le procès le plus retentissant qui eut lieu dans la salle de tribunal, fut celui du criminel Jacques Mesrine et de sa complice Jeanne Schneider.

     

     

    MAISON HUBERT-HÉBERT
    190-192, avenue de la Gare

    Il est difficile de situer à quel moment cette maison a été construite. Il est tout à fait plausible qu'elle ait été érigée par le notaire Hubert Hébert à la fin des années 1870. En 1878, ce dernier faisait l'acquisition d'un terrain avec des bâtisses du marchand Jean Hamel. De style néo-classique, cette maison à deux étages étonne par ses multiples fenêtres ornées de moulures et de petits frontons et surtout par un important fronton qui surmonte le portique de l'entrée principale. Au fil des ans, cette maison a rempli plusieurs fonctions. En 1915, l'ensemble est acquis par le notaire Joseph-Cléophas Hébert et Maurice Rousseau, alors propriétaire du journal Le Peuple. Ce dernier y établit les bureaux administratifs de son journal. La caisse populaire Desjardins de Montmagny y occupe un local après sa réouverture en 1934.

    Depuis sa construction, cette maison a permis à trois générations de notaires d'exercer leur profession. Hubert Hébert pratique à Saint-Jean-Port-Joli en 1874 et s'établit sans doute à Montmagny en 1878. Son fils, Joseph-Cleophas, également notaire y réside jusqu'à son décès en 1940. Cette année-là, Georges Hébert en fera l'acquisition avec le mobilier et l'étude de son père. Il deviendra du même coup propriétaire de l'Association avicole de Montmagny, une entreprise mise sur pied par son père.

     

     

    MANÈGE MILITAIRE DE MONTMAGNY
    194, avenue de la Gare

    Le manège militaire de Montmagny a été construit en 1915 pour l'entraînement des réservistes du Régiment de Montmagny. Le gouvernement du Canada a fait l'acquisition du terrain en 1915 conséquemment à un acte d'échange avec la veuve d'Hubert Hébert. À la suite de cette transaction, Mme Hébert redevient propriétaire du terrain, et de l'ancien manège militaire construit dessus, aujourd'hui nommée la Maison Joseph-Octave-Beaubien. L'architecture du bâtiment respecte les standards des manèges militaires de «type B». Conçu pour accueillir trois compagnies de milice, l'édifice a d'abord été connu sous le vocable «l'arsenal».

    Le Régiment de Montmagny, les Fusilllers du Saint-Laurent puis, à partir de 1964, la 59e batterie du 6e Régiment d'artillerie de campagne du Canada ont tour à tour occupé l'édifice. L'actuel Corps de cadets 2591 Optimiste Montmagny l'utilise depuis l'année de sa création en 1956. C'est avec une grande fierté que les militaires responsables du manège conservent et protègent l'allure du bâtiment, ainsi que les quatre caronades britanniques devant la façade. Datant du milieu du XIXe siècle, ces canons pouvaient tirer des boulets allant jusqu'à de 32 livres.

    Le valeur patrimoniale de cet édifice à été reconnu par le Bureau d'examen des édifices fédéraux à valeur patrimoniale (BEEFVP), en 1991. Il est d'ailleurs l'un des manèges militaires de type B les mieux conservés au Québec. Cette reconnaissance nationale et son lien avec la riche histoire militaire de Montmagny et celle du reste du Canada, lui confèrent ainsi un grand intérêt patrimonial.

     

     

    ANCIENNE GARE FERROVIAIRE
    4, de la Station

    L'arrivée du chemin de fer entre Lévis et Montmagny en décembre 1855 marque une étape importante dans l'histoire de la Côte-du-Sud. Durant quatre ans, Montmagny sera le terminus de cette nouvelle voie de communication. En octobre 1859, toutefois l'ouverture de la ligne entre Lévis et Rivière-du-Loup fut aussi tout un évènement. Plusieurs personnalités dont Étienne-Paschal Taché et les directeurs du chemin de fer du Grand Tronc inaugurèrent avec grande joie ce tronçon. Le chemin de fer contribuera dans les années suivantes à l'essor économique de Montmagny.

    De fait, certains industriels sont attirés à Montmagny en raison de la présence du chemin de fer. Il faut mentionne Amable Bélanger qui ouvre sa fonderie en 1872. Dans les années 1890, Arthur Napoléon Normand installe à proximité de la gare son importante manufacture de machineries agricoles. Tout le secteur à l'ouest de la ville devient industriel dans les années suivantes.

    Afin de répondre aux besoins de plus en plus pressants des voyageurs, la compagnie de l'Intercolonial délaisse un petit abri pour la construction de cette gare plus fonctionnelle en 1880. Comme la plupart des bâtiments destinés à l'accueil des passagers du train en milieu rural, cette gare était habitée par le chef de gare et sa famille. Le bâtiment a subi une rénovation en 1986 et la Ville de Montmagny décide de la sauver du pic des démolisseurs par son acquisition en 1998. Les caractéristiques architecturales de celle-ci sont très semblables aux autres qui bordent le chemin de fer dans la région. Avec son toit mansardé, elle possède trois lucarnes au sud et s'est allongée vers l'est avec les années. À l'ouest, l'ensemble est prolongé par un porche.

     

     

    MAISON CHARLES-POLIQUIN
    90, rue Saint-Thomas

    Cette maison a probablement été construite au début des années 1890 par le marchand Charles Poliquin. Les caractéristiques de cette maison correspondent de façon générale au style second-empire. Le toit mansardé se termine par un petit larmier orné de modillons. Ornée de fenêtres cintrées, la tour en pierre ajoute une grande massivité à l'ensemble. Celle-ci est flanquée par une galerie reposant sur d'imposants pilastres et par deux escaliers tournés. Certains éléments de l'ornementation tel que le fronton et les lucarnes donnent un éclectisme quais victorien à l'ensemble.

    On ne connaît pas trop les liens unissant Charles Poliquin à cette maison. Toutefois, dans les documents d'enregistrement, il est question d'une bâtisse à assurer sur une propriété appartenant à Charles Poliquin. Il est certain toutefois que le Séminaire de Québec en prend possession, mais pour la revendre à Philippe-Auguste Choquette (1854-1948) en 1890. Il vendra ce bâtiment à Dame Milla Blais en 1906. Celle-ci la revend aussitôt la maison à Joseph-Gaudiose Paradis (1860-1924). Parmi les propriétaires de cette maison, mentionnons également Joseph Prévost qui se fait connaître comme fabriquant d'eaux gazeuses dans les années 1930. Celui embouteillent alors le Ginger Ale, le Crema Soda, l'eau minérale et un breuvage appelé cidre, probablement du jus de pommes.

     

     

    MAISON MAXIME-DUBÉ
    100, rue Saint-Thomas

    Cette maison a été construite avant 1877 et elle a fait partie d'un ensemble de deux maisons séparés par un hangar pouvant servir de magasin. Apparaissant sur une illustration de 1881, elle a surtout été habitée par des artisans. Se référant au style Second empire avec son toit mansardé recouvert de tôle à la canadienne et ses deux étages, cet édifice possède un bel équilibre par ses ouvertures ornées de moulures appelées virgule de Montmagny. Récemment rénovés à partir de photographies, le rez-de-chaussée et sa vitrine reflètent l'ancienne fonction commerciale du bâtiment.

    Le ferblantier Maxime Dubé et son épouse Sophie Amabilis Fitzbacken sont les plus anciens occupants et propriétaires connus de cette maison. Dans les décennies suivantes, elle passe aux mains du marchand Jean-B, Alfred Lépine et du cultivateur Jean-Baptiste Côté. En 1888, elle est achetée par l'orfèvre et bijoutier Amédée Côté. Occupant la partie résidentielle, celui-ci établit probablement au rez-de-chaussée sa boutique et son atelier. La présence de cet artisan est un signe que la ville s'urbanise et que la richesse de ses habitants augmente. Les locaux qu'il dispose lui permettent même d'accueillir la première presse du journal Le Peuple, de sa création en 1900 jusqu'en 1924. De fait, le bijoutier accepte d'y loger l'un des premiers bureaux de la première caisse populaire Desjardins de Montmagny dans les années 1910. Les bureaux de cette caisse déménagèrent plus tard dans la maison des notaires Hébert, rue de la Gare.

     

     

    MAISON PIERRE-BOISSEAU
    115, rue Saint-Louis

    Cette maison a probablement été construite dans les années 1770. L'examen de ses côtés montre clairement le fruit de ses murs, signe qu'elle a été élevée avant 1800. Elle a subi plusieurs modifications importantes au cours des ans. Au XVIIIe siècle, elle possédait un toit à deux versants fort inclinés semblables à celui de la Maison Donald-MacKinnon. Une élévation de la toiture, sans doute réalisé au tournant du XXe siècle, lui a donnée son allure actuelle en plus de lui permettre de remplir plusieurs fonctions au cours des décennies. Avec sa galerie ornée de consoles et son avant-corps vitré qui la surmonte, l'ensemble est bien équilibré en façade.

    Le plus ancien propriétaire connu de cette maison est le marchand de Québec Pierre Boisseau (1796-1869). Il a probablement hérité de cette maison par son père Nicolas-Gaspard Boisseau, notaire établi à Saint-Thomas depuis 1799. Louée de 1842 à 1847 au médecin et ancien seigneur Antoine-Gaspard Couillard, cette vaste résidence a également servie comme petit hôtel dans les années 1850, désigné sous le nom d'Hôtel Mercier. Plusieurs personnalités importantes ont acquis cette maison. Le juge Joseph-Noel Bossé (1807-1881) l'a habité dans les années 1870 alors qu'il était juge pour le district judiciaire de Montmagny. Le médecin Joseph-Benjamin Blouin, en 1882. Passant aux mains de l'entrepreneur de pompes funèbres Bonaventure Moreau de La Pocatière, en 1927, de l'industriel de Saint-André-de-Kamouraska Charles A.R. Desjardins en 1929, elle est cependant reprise par la veuve du docteur Blouin en 1932. Elle sera la propriété du médecin dentiste de Québec Wilfrid J. Leahy en 1937 et enfin du réparateur de bicyclettes Albert Blais en 1943. En 1958, l'entrepreneur de pompes funèbres Laurent Normand l'acquiert pour la transformer en salon funéraire.

     

     

    MAISON LOUIS-HENRI-BLAIS
    131, rue Saint-Louis

    Cette maison a été construite avant 1899 et son architecture est de style néo-classique. Son toit à deux versants se termine en façade par un larmier très large qui recouvre presque en totalité la galerie. Fait inusité, cette galerie se situe à l'étage pour desservir les habitants des deux logements et elle est supportée par de larges consoles en bois. Cette maison a probablement été construite pour le notaire Louis-Henri Blais qui fut le premier député de Montmagny à l'Assemblée nationale sous le régime de la Confédération. En 1899, il la léguait à son gendre Louis-Philippe Sirois. Ce dernier était aussi à l'époque un homme d'affaires impliqué dans plusieurs organisations à Québec. Il fut président de la Caisse d'économie, professeur à l'Université Laval et président de la Chambre des notaires. En 1913, le notaire vendait le tout à Alexandre Proulx. Celui-ci conserva cette maison jusqu'en 1949, année où elle fut acquise par Henri Tondreau.

     

Secteur du manoir

Le secteur manoir, nommé ainsi en raison de la présence du manoir seigneurial aujourd'hui connu sous le nom manoir des Érables, possède un riche patrimoine résidentiel, témoin d'un peu plus de 200 ans d'histoire. Il correspond à l'ancien domaine des seigneurs Couillard de Lespinay qui s'étendait de la rivière du Sud au fleuve Saint-Laurent. Le médecin et seigneur Antoine-Gaspard Couillard (1789-1847) lui donne particulièrement vie lorsqu'il se fait construire son imposant manoir au début du XIXe siècle. En 1901, une grande partie du domaine acquis auparavant par Amable Bélanger était vendue à la Société de construction du district de Montmagny qui procède alors au lotissement de nouveaux terrains. Le premier quartier magnymontois répondant à un plan d'urbanisme prend alors forme. Les résidences qui longent la rive nord de la rivière du Sud sont toutefois plus imposantes dans leur architecture. Ce secteur témoigne du statut des propriétaires qui étaient le plus souvent des professionnels.

La présence de la rivière des Vases a favorisé l'implantation de quatre moulins à farine. Un premier est parachevé en 1733, un autre en 1741, puis un troisième en 1761 après avoir été incendié par les Anglais. Leur emplacement exact constitue un mystère. Certaines cartes nous portent à croire que le moulin des Couillard était situé plus au sud du moulin en pierre actuel édifié en 1842 par le seigneur William-Randal Patton.

Ce secteur comprend une zone ancienne d'habitation se situant entre la rivière des Vases, canalisée en partie aujourd'hui, et l'église Saint-Thomas; on y trouve l'avenue des Érables, les rues Saint-Joseph et du Manoir. La rue Saint-Joseph pour sa part possède un patrimoine résidentiel exceptionnel qui s'étend du XVIIIe siècle au XXe siècle. Le secteur du Manoir, l'un des plus pittoresques de la ville, est ceinturé au sud par la rue Saint-Louis qui était anciennement appelée rue des Bouleaux. Jusqu'à la construction du Pont Rivard en 1952, cette rue allait rejoindre la rue du Manoir, formant ainsi une boucle près de chutes.

 

 

 

  • Quelques résidences du secteur

    MAISON DONALD-MACKINNON
    153, rue Saint-Joseph

    Cette maison est probablement la plus ancienne du noyau urbain de la ville de Montmagny. Construite en 1767, elle est la dernière de ce secteur à posséder une architecture d'esprit français. Elle fait partie des premières maisons de la rue Saint-Joseph situées en bordure des vastes champs s'étirant vers le nord jusqu'au fleuve. Au cours des ans, les caractéristiques architecturales de la maison Donald-MacKinnon ont évolué en tenant compte de sa fonction d'auberge, mais aussi des modes d'ornementation que l'on trouve à Montmagny au XIXe siècle et au début des années 1900. Cette résidence possède six lucarnes, un toit à deux versants et deux fausses cheminées à ses extrémités, signes probablement de la présence de murs pare-feux. En examinant le côté ouest, on remarque l'inclinaison particulière des murs que l'on désigne par l'expression « le fruit du mur ». La façade principale de ce bâtiment a été modifiée dans la seconde moitié du XIXe siècle et au début des années 1900. Les fenêtres se parent de moulures particulières et fort populaires à Montmagny à l'époque. La présence de deux portiques supportés par des colonnes et munis d'un fronton droit traduit l'influence du courant néoclassique dans l'architecture. Pendant quelques années, le mur du côté ouest de la maison sera pourvu d'une importante galerie couverte surmontée par un balcon.

    Cette résidence a été construite par le marchand et hôtelier écossais Donald MacKinnon. Était-il du détachement de militaires anglais ayant brulé une partie de la Côte-du-Sud en 1759? Ce qui est certain, c'est qu'il était royaliste lors de l'escarmouche ayant eu lieu à Saint-Pierre-de-la-Rivière-du-Sud en 1775. Lors de ces évènements, il aurait apparemment joué un rôle d'éclaireur. Ayant acheté le terrain de Jean Roussin, il décide de construire une auberge dans laquelle on trouvait à l'époque un débit de boisson. Cette auberge sera plus tard achetée par le marchand de Québec Duncan MacDonald. Comme la vente et la consommation d'alcool ne plaisaient guère au clergé, le curé Charles Perreault voulut acquérir ce bâtiment et en faire sa résidence. Or, les paroissiens préférèrent construire un presbytère neuf à leur curé. Cette résidence passera ensuite aux mains du tonnelier Donald McKenzie, de l'adjudant de milice de Québec Pierre de Guise et de l'hôtelier Jean-Baptiste Fournier, en 1849. En 1839, ce dernier est connu à Montmagny pour avoir été accusé, à tort, d'avoir participé aux rébellions patriotes aux côtés d'Étienne-Paschal Taché.

     

     

    MAISON EUGÈNE-RENAULT
    160, rue Saint-Joseph

    Cette résidence de style Regency a été construite entre 1850 et 1878. Cette dernière a une vue exceptionnelle sur les champs cultivés situés plus au nord. On a souvent associé ce style architectural à la villa ou au cottage qui se confond avec le paysage naturel et à la présence de jardins. Cette maison est dotée de trois lucarnes et son toit évoque le style de la maison pittoresque. La chute du toit se termine par une légère courbe que l'on attribue à une mode chinoise.

    Parmi les premiers propriétaires connus de cette résidence, mentionnons les Soeurs de la Charité en 1878, puis Eugène Renault (1836-1890). Né à Montmagny, issu du mariage de Léon Renault et de Julie Thibault, il est journaliste et aide-rédacteur au journal Le Courrier du Canada. Se passionnant pour l'Histoire, il est considéré comme l'un des premiers écrivains et historiens de Montmagny. En 1873, il accepte un poste d'agent des terres de la Couronne de Montmagny et porte un intérêt à la protection de la forêt. Après le décès d'Eugène Renault en 1890 la propriété et la maison passent entre les mains de ses fils qui vendent le tout à l'arpenteur Elzéar Laberge. La famille Laberge est propriétaire de cette maison depuis plus de 110 ans.

     

     

    HOSPICE DES SOEURS DE LA CHARITÉ
    164, rue Saint-Joseph

    Cet édifice a été construit en différentes étapes pour les Soeurs de la Charité. Il a servi comme hospice pour les personnes âgées et comme orphelinat. Le corps principal a été érigé en 1884. Une première aile de trois étages avec un toit mansardé et lambrissé de tôle à la canadienne est ajoutée à l'ouest en 1910. En plus de servir comme chapelle, cette annexe comprend une salle de récréation, des classes pour les garçons, des dortoirs et des chambres pour les personnes âgées. Cette aile a été toutefois démolie en 1966 en raison de sa vétusté et elle a fait place à une chapelle plus moderne. Une autre aile fut élevée en 1929. Celle-ci logeait les religieuses, et comptait un dortoir pour les filles, un réfectoire, une infirmerie et des chambres pour les pensionnaires. Par ailleurs, cette section possède un logement pour l'aumônier. L'arrière du bâtiment a fait l'objet d'une série d'agrandissements et de rénovations pour l'aménagement des cuisines et d'une buanderie. En 1985, le pavillon Labrie, servant de résidence pour personnes âgées, y sera ajouté à l'ouest.

    Les origines de cet hospice sont liées au curé de la paroisse Saint-Roch-des-Aulnaies Henri-David Têtu. En 1873, il lègue une somme de 7600 $ à Nathalie et Vitaline Têtu pour la fondation d'une oeuvre de charité à Montmagny. Cinq ans plus tard, Louis Fournier fait un don de 6000 $ et d'une ferme au centre de la ville pour cette même fondation. Les travaux de construction de ce bâtiment démarrent en 1881 sous la direction de Georges Boulet et Docithée Bernier. Quatre ans plus tard, les premières religieuses des soeurs de la Charité y font leur entrée.

    Cette institution a marqué à sa manière l'histoire de Montmagny. A l'époque de l'épidémie de grippe espagnole, en 1918, une salle était aménagée pour accueillir les bébés nés de femmes décédées de cette maladie. Lors du 50ième anniversaire de cette Maison en 1935, une grande célébration y avait lieu, et ce, en présente du premier ministre Louis-Alexandre Taschereau et de Charles-Abraham Paquet, industriel de Montmagny et bienfaiteur de l'Hospice.

     

     

    MAISON JEAN-HAMOND
    171, rue Saint-Joseph

    Cette maison a sans doute été construite avant 1820. Elle pourrait être celle qui est représentée sur une carte de la seigneurie dessinée par l'arpenteur Jean-Baptiste Duberger en 1820. À cette époque, elle fait partie d'une propriété appartenant à une famille Cazeau. Architecturalement cette résidence est des plus intéressante puisqu'elle marque admirablement bien la transition qui s'est opérée, au début du XIXe siècle, entre les techniques de la maison d'inspiration française et la maison dite québécoise qui présente des caractéristiques d'adaptation au territoires Ainsi, l'amélioration des matériaux de recouvrement (ici la tôle à la canadienne) a permis à cette construction de se munir d'un toit moins pentu que celui imposé auparavant par la technique française. On remarque également la présence d'un solage de pierre qui rehausse quelque peu le bâtit. Après deux cent ans d'adaptation, nos ancêtres ont compris qu'en élevant le bâtiment, on évitait une détérioration précoce murs due au gel et au dégel et du même coût les problèmes d'humidité.

    Cette résidence a d'abord appartenu à la famille de Jean Hamond. Elle a probablement été construite par ce navigateur qui arrive au Canada dans les années 1820. Originaire de Saint-Malo (Ille-et-Villaine), celui-ci épouse à Montmagny, Marie-Calixte Vallée, fille de Joseph Vallée et de Marie-Josephe Marmette. Hamond est capitaine de bateau et marchand de poissons. Il se fait construire un magasin général à Montmagny dans les années 1860. En décembre 1875, la veuve de Jean Hamond léguait sa propriété à son fils Eugène Hamond, capitaine. Dans la décennie suivante, tout porte à croire que Louis-Honoré Huot (1839-1887) possédait cette maison. Celui-ci est bien connu à l'époque pour avoir été greffier de la Couronne en chancellerie pour la province de Québec en plus de pratiquer comme avocat à Québec et d'être propriétaire du journal Le Canadien. Après son décès, son épouse vendait les archives de Huot au curé de Montmagny Louis-François-Léon Rousseau. Nous ignorons dans quel contexte il faisait l'acquisition de cette propriété et si Huot a vraiment habité à Montmagny. En 1896, la maison passe aux mains de Marie-Julienne et d'Éléonore Boulet. Puis elle est acquise par Delphine Desjardins au début des années 1930 et par Gérard Gosselin, artiste d'Outremont en 1932. Ce dernier la conserva jusqu'en 1957, année où elle fut achetée par Louis-Philippe Côté.

     

     

    MAISON ALBERT-BENDER
    172, rue Saint-Joseph

    Cette maison de style néoclassique a été construite après 1840. Elle se situe sur l'ancien domaine seigneurial de la famille Couillard de Lespinay et plus particulièrement sur le vaste terrain du petit moulin de la rivière des Vases que possédait Antoine-Gaspard Couillard en 1820. Cette maison a suivi les modes architecturales dominantes à Montmagny au cours des décennies. Avant les années 1920, elle se pare en façade d'une petite galerie à l'américaine, mais sans balustrade. On y trouve un portique en bois surmonté par un petit balcon auquel on a accès à l'étage. Avec ses colonnes en bois, ce portique traduit le courant néoclassique de l'époque. Le côté est de la maison pour sa part est particulièrement intéressant à examiner. On notera les petites fenêtres à l'ouest comme à l'est qui permettaient d'aérer les combles. Après les années 1920, le portique et son balcon étaient enlevés pour faire place à une galerie couverte ceinturée par une balustrade au nord comme à l'ouest. Des bardeaux d'amiante posés en hexagone ont été posés sur les murs, ce qui constituait une protection contre le feu. Aujourd'hui, cette maison est considérée comme l'un des joyaux du patrimoine magnymontois.

    Nous ignorons qui a construit cette maison et quelle famille l'occupa à ses débuts. Les plus anciens occupants connus sont François-Xavier Jobin, rentier, et sa femme Henriette Dostie. Nous savons que ceux-ci vivent à Montmagny en 1861 et que M. Jobin a alors 57 ans. Il est certain qu' Albert-Joseph Bender est propriétaire de la résidence en 1878. Fils de Jacques-Albert, Bender est connu à l'époque comme un brillant avocat. Il devient maire de la ville de Montmagny de 1909 à 1918. Après son décès, la maison passe aux mains de son fils Michel et en 1923, elle fut acquise par Ernest Proulx. Ce dernier la vend dans les années 1960 aux religieuses des Soeurs de la Charité. Elle sera achetée par Jean Hébert en 1969.

     

     

    MAISON FRANÇOIS-JACQUES-ALBERT-BENDER
    177, rue Saint-Joseph

    Cette maison a été construite autour de 1820. Elle se situe sur un site exceptionnel qui permettait à ses propriétaires d'avoir une vue intéressante sur le fleuve Saint-Laurent. L'intérêt de cette maison est double. D'abord, il repose sur un ensemble architectural qui comprend un hangar surplombant un cran rocheux. En outre, elle a appartenu à des personnalités importantes. Malheureusement, son allure a été considérablement modifiée au fil des années.. Cette résidence a d'abord été coiffé d'un toit à deux versants d'inspiration française don l'influence était encore palpable dans l'architecture de la fin du XVIIIe siècle. On lui ajouta trois lucarnes, et une galerie en façade et sur le côté ouest. Une annexe à l'arrière a complété l'ensemble avant les années 1900. La grande lucarne en façade que l'on aperçoit actuellement a été construite dans les années 1940. Juste à l'est de la maison on y trouve un hangar construit après 1907, soit peu de temps après la construction d'un mur de soutien en béton armé. Il est intéressant de constater que le hangar possède une cheminée. La tradition veut que les domestiques de la résidence principale aient vécu dans les combles de ce bâtiment. A l'origine, le rez-de-chaussée servait à entreposer les voitures hippomobiles. Un escalier menait même jusqu'à l'écurie qui était située au niveau de la rue du Moulin.

    Il est difficile de connaître les plus anciens occupants de cette maison. En 1860, il est certain que François-Jacques Albert Bender, protonotaire y habite avec son épouse Sophie-Mathilde Taché, fille aînée d'E.P. Taché, et ses enfants. Philippe-Auguste Choquette acquiert la maison et la propriété probablement après son mariage avec Marie Bender, la fille du protonotaire. Homme politique et homme d'affaires, Choquette joue un rôle important dans le développement de Montmagny. A l'époque, où il résidait dans cette maison, son épouse y tenait « salon », recevant les plus hauts dignitaires du pays, tel que Wilfrid Laurier, Honoré Mercier et même le gouverneur général Albert Henry George Grey, 4e comte Grey et son épouse. Toute une vie sociale y régnait. À l'époque, l'on se plaisait à appeler cette résidence l'Asile Champêtre. Choquette revendra sa résidence à David-Ovide Lespérance en 1917. Natif de Montmagny, il fut député conservateur de Montmagny aux Communes en 1911 et Sénateur de 1917 à 1941. Une dizaine d'années plus tard, elle passait aux mains de Philippe Béchard directeur gérant de l'usine Bélanger.

     

     

    MAISON WILLIAM-LEE-PATTON
    178, rue du Moulin

    Cette maison a été construite avant 1840. Elle se situe dans un environnement particulier qui a été marqué par la présence de quatre moulins à farine. Avec son toit à deux versants, ses trois lucarnes bien centrées et son portique surmonté d'un fronton, cette maison est de style néoclassique. Ses fenêtres et ses plafonds bas permettent de situer sa construction avant 1840. Elle possède toutefois une cave importante. Elle a cependant subi quelques transformations au cours des décennies. Au début des années 1900, son apparence est tout autre. Une galerie de style américain, c'est à dire sans balustrade, la ceinture. Son côté est se pare d'une véranda vitrée étonnante par sa hauteur.

    Il est difficile de faire la liste des occupants de cette maison, car le terrain où elle se trouve a longtemps été intégré au domaine seigneurial. Il est certain que les descendants de William Randal Patton l'ont habité jusqu'en 1916. Ce dernier est connu pour avoir été le dernier seigneur de la seigneurie de la Rivière-du-Sud de 1843 à 1854. Dans les décennies suivantes, les Patton seront toujours propriétaires du territoire de l'ancienne seigneurie et des dépendances Elle comprendra l'ancien manoir en pierres de Couillard de Lespinay, le moulin à farine construit en 1850 et cette maison. Après la saisie des biens de William Patton en 1878, le domaine est cependant morcelé. Son fils William Lee et son épouse Susan Kelton garderont cette maison jusqu'à son décès. En 1916, la résidence sera vendue par Edith Patton au cultivateur Louis Coulombe. Ce dernier la conservera jusqu'en 1927. Enfin, cette résidence passe aux mains de Laurent Fortier et sa famille dans les années suivantes.

     

     

    MAISON JEAN-BAPTISTE-ROBIN
    198, rue du Manoir

    Cette maison construite au milieu du XIXe siècle a subi des modifications importantes, en raison de son agrandissement vers le sud. Se situant à l'angle des rues du moulin et du manoir, sa localisation n'est peut-être pas étrangère aux activités du moulin à farine que l'on trouvait à proximité au XIXe siècle. Cette maison possède un toit à deux versants recouverts de tôle à la Canadienne. En façade, elle est caractérisée par une galerie et des ouvertures asymétriques. La galerie est surmontée d'un pignon à fronton droit, signe de l'influence néoclassique prédominante à Montmagny au XIXe siècle. Cette maison a rempli plusieurs fonctions au cours des décennies.

    Le plus ancien propriétaire connu de cette maison est le journalier Jean-Baptiste Robin et son épouse. En 1905, celui-ci la vend à l'avocat Philippe-Auguste Choquette, mais Robin décide d'en être locataire. En 1918, Choquette rétrocède la maison aux Robin. Puis, en 1931, Cordélia Robin, fille de Jean-Baptiste, vend de nouveau la propriété à Choquette. Dans les années suivantes, l'avocat aurait loué cette maison à d'autres occupants. En 1934, il la vendra au rentier Télesphore Drapeau. C'est à partir de 1939 qu'elle passait entre les mains de la famille d'Armand Paquet.

     

     

    MOULIN WILLIAM-RANDAL-PATTON
    200, rue du Manoir

    Ce moulin a été construit en 1850 par William Randal Patton, le dernier seigneur de la Rivière-du-Sud. Originaire de Londres, celui-ci est arrivé au Canada en 1823 et a fait sa fortune comme marchand de bois à Québec, puis à Montmagny. De fait, en 1843, il devient seigneur de la seigneurie de la Rivière-du-Sud et acquiert semble-t-il les droits de banalité en 1849. Quatrième moulin à farine à voir le jour en bordure de la rivière des Vases, il est toutefois le premier à se situer au bas de la côte de la rue du Manoir. Après sa construction, il comprend deux grandes roues en fonte de dix pieds de diamètre et six paires de moulanges. Ce moulin à farine emprunte son architecture au style monumental ou palladien en raison de sa massivité et de la présence d'un toit à croupes pourvu de petites lucarnes. Le logement du meunier se distingue de l'ensemble, car il se rapproche de la rue. Au début, on y avait accès par une grande porte au rez-de-chaussée.

    Après l'abolition du Régime seigneurial, ce moulin sera toujours la propriété de William Patton. Celui-ci est un important négociant de Québec. Il fait également de l'exploitation forestière dans le canton Ashburton. Celui-ci décède toutefois en 1853 laissant à ses enfants son héritage. Le domaine seigneurial fera l'objet d'un morcèlement important après les années 1880. En 1883, le meunier Jean-Baptiste Proteau se porte acquéreur de ce moulin et décide d'y rester tout en conservant ses droits pour utiliser la carderie. Cinq ans plus tard, ses biens sont saisis. Le moulin passe alors aux mains de sa femme Kate Forest et Eugène-Prosper Bender. Les Bender l'exploitent pour un temps. Il sera acquis par J.A. Bruneau. À l'abandon durant deux ans jusqu'à son achat en 1921 par Joseph Francoeur, le moulin a subi un certain délabrement. Durant son inactivité, il a nourri l'imaginaire et plusieurs ont pour un temps cru que le bâtiment était hanté. Après avoir subi des rénovations par Francoeur, il reprendra ses activités et plus intensément à la saison de navigation.

    Dans les années 1930, l'importance économique de la meunerie est non négligeable. Annuellement, on y sort 800 000 livres de moulée. La carderie est toutefois modeste. En 1938, on y carde 300 livres de laine. En 1945, l'ancien meunier de Saint-Henri Roland Longchamps acquiert le moulin et lui ajoute l'électricité deux ans plus tard. Le bâtiment cesse ses activités pour devenir une usine pour la préparation de moulées. Son propriétaire y prépare une moulée originale dite Citadelle et fort appréciée pour la nutrition animale dans la région. Transformé récemment en condominiums, le moulin a longtemps nourri l'imaginaire. En 1954, le journaliste R. Pérusse du journal Le Courrier de Montmagny affirmait : « Nous espérons sincèrement que le vieux moulin aura un jour prochain sa plaque commémorative et sera catalogué aux nombreuses choses susceptibles d'intéresser les étrangers qui nous visitent ».

     

     

    MAISON PIERRE-NICOLE
    212, rue du Manoir

    Cette résidence imposante a été construite en 1907 par le menuisier Pierre Nicole qui en avait, semble-t-il, également dessiné les plans. L'architecture de cette maison est d'inspiration néogothique. On notera la présence de la baie en saillie ornementée et d'une tour d'angle qui ajoutent une allure de château à l'ensemble. Toutes les fenêtres sont également surmontées par un léger fronton et ornées par une feuille d'érable. La galerie arrondie comprend une balustrade et des piliers de galerie tournés. Un treillis dissimule les fondations et donne une certaine massivité à cette résidence. Au cours des années, elle a fait l'objet d'un agrandissement vers l'ouest.

    Il n'est pas exagéré d'affirmer que cette résidence représente le phare de toute l'architecture que l'on trouve dans ce secteur, mis à part le Manoir des Érables et quelques maisons d'influence états-unienne. En effet, le menuisier Pierre Nicole a construit plusieurs autres maisons dans ce quartier. Apprenti en menuiserie à Montréal auprès de l'entrepreneur Gérénime Campeau, Nicole oeuvre par la suite comme constructeur à New York et à Saint-Simon près de Rimouski. À Montmagny, il ouvre une petite fabrique de portes et châssis contribuant à la construction de dizaines de maisons et d'usines dans la ville, entre autres, les bâtiments de la Machine agricole nationale. Pierre Nicole n'a peut-être pas toujours habité cette demeure, car après le décès de sa deuxième femme, Emma Lachance, il en possède trois autres sur la rue des Érables. Enfin, cette résidence passera aux mains du cultivateur Ludovic Têtu en 1956 puis à Roland Morin en 1971.

     

     

    MANOIR SEIGNEURIAL ANTOINE-GASPARD-COUILLARD
    220, boulevard Taché Est

    Cet ancien manoir seigneurial a été construit entre 1814 et 1818 par le seigneur et médecin Antoine-Gaspard Couillard (1789-1847). La construction du bâtiment en pierre est attribuée pour le moment à l'architecte François Baillargé. Celui-ci signe les devis de la maçonnerie du manoir exécutée par Joseph Petitclair et trois autres maçons. En plus du bâtiment principal, ces ouvriers spécialisés réalisent également un hangar, un fournil, une glacière et une aisance. Tous ces bâtiments en pierre symbolisent sans l'ombre d'un doute la richesse que souhaitait montrer le seigneur du temps.

    Le domaine seigneurial d'Antoine-Gaspard Couillard est imposant. Borné par les terres de la famille Oliva à l'ouest, il s'étend entre la rivière du Sud et le fleuve Saint-Laurent. Les caractéristiques architecturales du manoir correspondent au style monumental (palladien) propres aux maisons bourgeoises de ville entre 1790 et 1830. À ce titre, il possède un toit à quatre versants, des lucarnes à croupe et un fronton en façade. Il a fait l'objet de quelques modifications au cours des années.

    Cet ancien manoir seigneurial a été le lieu de résidence du seigneur Antoine-Gaspard Couillard. Sans doute pour des raisons monétaires, celui-ci le vendit en 1827 à Jacques Oliva. Il semble qu'il soit passé aux mains de William Randal Patton, entre 1845 et 1849. Important négociant de Québec et seigneur de la Rivière-du-Sud de 1843 jusqu'à la chute du régime seigneurial en 1854, Patton pourrait avoir fait des affaires dans cette résidence comme en témoigne James MacPherson Lemoine dans ses écrits. Après le décès de William Randal Patton en 1853, le manoir passe aux mains de plusieurs personnes : William Cook Spiller, en 1878, Jean-Baptiste Proteau, en 1883, et l'arpenteur et ingénieur civil Eugène-Prosper Bender, en 1888. Après l'achat de l'ancien domaine seigneurial par la Compagnie de construction de Montmagny en 1900, le Manoir était vendu à Maurice Rousseau, avocat et fondateur du journal hebdomadaire Le Peuple. Parmi ses propriétaires, dans les années suivantes, mentionnons la compagnie M.E. Binz de Montmagny. Depuis quelques décennies, le manoir seigneurial est devenu un hôtel et une table gastronomique de grande renommée.

     

     

    MAISON ULDÉRIC-ROY
    54, avenue des Érables

    L'histoire de cette maison est intimement liée au lotissement de l'avenue des Érables, au début du XXe siècle. Lors de sa construction, elle se retrouve sur un vaste lot borné au sud-ouest par la rue de la Fabrique, lequel sera éventuellement subdivisé. Elle a probablement été construite entre 1914 et 1920 et occupée par le menuisier Uldéric Roy originaire de Saint-Pierre-de-la-Rivière-du-Sud. 

    Cette résidence est un bel exemple de la maison de style vernaculaire industriel. Avec sa forme carrée, elle représente la maison urbaine du début du XXe siècle. Il s'agit d'un modèle qui a été standardisé à cette époque. La maison Uldéric Roy a la forme d'un L. Ce modèle architectural qui remonte aux années 1840-1850 est encore utilisé au début du XXe siècle. Cette résidence se pare de bardeaux décoratif en forme d'écailles. Avec sa galerie, ses colonnes et sa tour en demi-oeuvre, elle offre un certain équilibre dans l'ornementation sans tomber dans la surcharge. Le larmier est orné de modillons en forme de feuilles d'érable, que l'on retrouve aux consoles de la galerie.

     

     

    MAISON ÉMILE-BERNIER
    61, avenue des Érables

    Cette maison a été construite entre 1908 et 1911. À l'époque, dans ce secteur, il fallait respecter l'alignement des maisons et des arbres dans l'aménagement de même que leur distance par rapport à la rue. C'est pourquoi aujourd'hui, l'avenue des Érables, qui porte bien son nom, représente l'une des zones résidentielles les plus vertes de la ville de Montmagny. L'architecture de cette résidence s'inspire des styles néo-italien et vernaculaire industriel. Son toit se pare au sud d'une importante lucarne. La galerie couverte en bois comprend des colonnes tournées, des consoles sculptées et une balustrade dite de Montmagny. La propriété sur laquelle se trouve cette maison a antérieurement appartenu à l'industriel Amable Bélanger, à la Société de construction permanente de Montmagny et à la famille du journalier Johnny Corneau. Il est certain qu'elle fut construite en 1911 puisque le menuisier Émile Bernier la vendait à Georges Rémillard. Ce dernier la conserve un certain temps, mais la revend à Bernier qui en demeure propriétaire jusqu'en 1955. Cette année-là, elle passera aux mains de Maurice Talbot.

     

     

    MAISON ALEXANDRE-PROULX
    73, avenue des Érables

    La construction de cette résidence remonte en 1909. Elle appartient alors au cultivateur Alexandre Proulx. Elle change toutefois de propriétaires à cinq reprises entre 1909 et 1918, ce qui nous fait croire que la propriété a fait l'objet de spéculation foncière. En 1918, le journalier Philémon Robin l'acquiert et la conserve jusqu'en 1938. La résidence sera achetée par l'ingénieur Paul Métivier en 1940 et passera aux mains de ses descendants durant un peu plus de quatre décennies.

    Cette maison de style Regency est semblable à la Maison Louis-Couillard-Dupuis de la rue des Canotiers. La forme de son toit nous informe de ce style qui au XIXe siècle était répandu pour la construction de villas semi-urbaines ou rurales. Ces villas furent souvent associées au mouvement pittoresque ou à la naissance d'une sensibilité à la nature qui a perduré au début des années 1900 comme en témoigne cette résidence. Les quatre versants de son toit se terminent par une légère courbe démontrant l'influence de la mode chinoise à l'époque. Cette résidence évoque tardivement l'influence du néo-classicisme dans l'architecture québécoise. La présence du fronton et des moulures de portes en forme de virgule « dite de Montmagny » rompt avec la sobriété de l'ensemble.

     

     

    MAISON RAOUL-THIBAULT
    90, ave des Érables

    Cette maison a été construite vers 1916. La présence d'une grande lucarne-pignon révèle le style vernaculaire-industriel qui s'est imposé au tournant du XXe siècle. Ici, une importance a été accordée au grenier, comme en témoigne une petite fenêtre percée dans cette lucarne. Cette résidence a sans doute été construite par l'entrepreneur menuisier Raoul Thibault après qu'il ait acquis ce terrain de l'homme d'affaires Arcadius Caron. En septembre 1933, elle passera aux mains de Corinne Joncas. Mais Thibault le vendeur se réservera jusqu'en juillet 1934 une pièce au grenier pour y entreposer une partie de ses effets personnels. Après le décès de la propriétaire, en 1953, la maison est achetée par le maire de la municipalité de Saint-Antoine-de-l'Isle-aux-Grues Jean-Baptiste Painchaud. Ce dernier sera par ailleurs conseillé municipal à la Ville de Montmagny. En 1986, elle sera cédée à Nicole Laliberté et Germain Ouellet.

     

     

    MAISON NORBERT-BOUCHARD
    187, rue Saint-Louis

    La construction de cette maison est reliée au lotissement de l'ancien domaine des seigneurs Couillard de Lespinay au début du XXe siècle. En 1903, la Société de construction du district de Montmagny vendait un lot à Norbert Bouchard qui ne tarda pas à se construire une résidence. La localisation de cette maison à l'angle des rues des Érables et Saint-Louis a probablement joué un rôle dans l'adoption de certaines caractéristiques de son architecture. De fait, la porte principale à angle, flanquée par deux baies latérales, attire le regard. Avec son toit mansardé, elle adopte tardivement le style Second empire. L'ajout de consoles près de la chute du toit et au sommet des colonnes de la galerie donne une note esthétique à l'ensemble. On aperçoit également l'influence du style néoclassique dans l'ornementation des ouvertures et la mouluration des fenêtres à l'étage. La galerie dite « de Montmagny » qui ceinture la maison répond autant à des motivations esthétiques que pratiques.

    Cette résidence a été construite pour les besoins de Norbert Bouchard, son premier propriétaire. Après son décès, elle passa aux mains de son épouse qui la vendit au cuisinier Ludger Thibault. Elle appartiendra par la suite à sa femme et ses descendants jusqu'en 1985. Cette année-là, elle était acquise par Jacques Deschamps.

     

     

    MAISON JOHN-PATTON
    227, rue du Manoir

    Cette maison a été construite à la fin du XIXe siècle. Elle se situe dans un environnement marqué par les activités forestières et maritimes des Price qui possédaient à proximité un moulin à scie et un quai, aujourd'hui disparu, auquel ils avaient accès par la rue du quai. Cette maison à toit mansardé à un étage est l'un des plus beaux exemples du style Second empire à Montmagny. Son toit est recouvert de tôle à la canadienne et comprend des lucarnes asymétriques. La galerie couverte qui a été refaite est entourée d'un garde corps en fonte. Il est à noter que les balustres proviennent fort probablement de la fonderie Bélanger.

    Au XIXe siècle, cette résidence fait partie d'un vaste lot qui comprend le manoir seigneurial et le moulin à farine de la rivière des Vases. Il s'avère difficile de connaître exactement les occupants de cette maison, car dans les documents on fait mention des bâtiments construits sur la propriété. Tout porte à croire qu'elle faisait partie du domaine des Patton avant la saisie de leurs biens en 1878 et qu'elle aurait été habitée par John Patton fils de William. En 1883, toutefois, Jean-Baptiste Proteau fait l'acquisition de ce même domaine. Veuf de Geneviève Cloutier, il se remarie avec Melvina Labelle en 1887. L'année suivante, une partie de ses propriétés est également saisie. Or, Proteau semble avoir conservé cette maison et le moulin puisqu'il les revend à Adélard et Victor Proteau avec le droit toutefois de rester à la « demeure » du moulin. Cette maison sera vendue par la suite par Melvina Labelle à Joseph Thibault. Les Thibault l'habitent jusqu'en 1901, au moment de son acquisition par la Montmagny Light and Pulp. Ayant fusionné cette année-là avec la Compagnie manufacturière et électrique de Montmagny, cette dernière est dirigée entre autres par William Price (III) et Harry Price. La propriété comprend alors une maison, une scierie, des dépendances, un pouvoir d'eau, un quai, des chaussées et des digues. À partir du début du XXe siècle, cette résidence passera aux mains de plusieurs propriétaires : la Compagnie Basin and Electric Light en 1908, l'électricien George G. Collie, en 1921. Celui-ci l'aurait cédée à J.A. Fortier en 1946. Elle passa par la suite aux mains de Ellul Carbonneau, peintre décorateur.

     

     

    MAISON ADRIEN-J.-COLLIN
    229, rue du Manoir

    Cette maison a été construite en 1946. Elle est l'une des rares à Montmagny à posséder une architecture de style Art déco. Bien que ce mouvement avant-gardiste ait été populaire entre 1920 et 1940, particulièrement dans les nouveaux quartiers des villes où se rencontrent des professionnels, il a toutefois perduré dans la décennie suivante. Associé au modernisme et à l'urbanité, cette résidence a conservé son aspect d'origine bien qu'elle ait subi des rénovations extérieures récemment. Cette maison a connu quelques propriétaires depuis sa construction. Après ses études au Massachusetts Institute of Technology (MIT), Adrien J. Collin entreprend une brillante carrière dans l'industrie. Il fonde en 1934, la National Electric Refrigerators inc., une manufacture magnymontoise spécialisée dans la fabrication de réfrigérateurs. Il sera maire de Montmagny de 1945 à 1947 et de 1964 à 1966.

Secteur du bassin

Le secteur dit du Bassin de Montmagny témoigne d'une histoire marquée par des activités économiques reliées à la navigation, au commerce du bois et à la construction navale, mais aussi de la présence du domaine seigneurial de la rive droite de la rivière du Sud, qui dans le premier quart du XVIIIe siècle comprend un manoir et un moulin à farine.

Depuis 1675, la force hydraulique de la rivière permet d'actionner la roue des moulins à farine et des scieries érigées au pied de la chute de la rivière du Sud. Au début des années 1800, une petite chaussée est aménagée dans le lit de cette rivière pour amener l'eau au moulins banal et la à scierie. À partir des années 1830, c'est la compagnie Price Brothers qui exploitera la scierie construite par les Couillard-Dupuy. Afin d'acheminer les billots de bois vers les bateaux ancrés dans le bassin, elle aménage un arboriduc. Au début des années 1900, une pulperie sera ajoutée aux installations de la scierie. Une modeste centrale électrique y est également construite en 1908. La construction navale a marqué les abords du secteur du bassin. Avant l'arrivée du chemin de fer, le transport maritime effectué par goélette est le seul moyen de transport de marchandise possible entre Saint-Thomas-de-la-Pointe-à-la-Caille, les paroisses environnantes et Québec. Dès la fin des années 1680, le charpentier de navire Jean Langlois ouvre un petit chantier, de même que le chaloupier Mathieu Durocher au début des années 1760. Une centaine d'années plus tard, la construction navale y est florissante. De petites maisons de colons ou de pêcheurs aujourd'hui disparues et bordant un léger escarpement s'y trouvaient. Une douzaine de constructeurs de navires mettent en chantier un peu plus d'une vingtaine de bâtiments, surtout des goélettes. La famille Lachance a profité de la localisation de ce lieu pour exploiter un petit chantier de construction navale à partir de 1945.

Après l'abolition du Régime seigneurial en 1854, la famille Couillard-Dupuy a permis à des ouvriers de se construire des maisons sur leur fond de terre. Ainsi, un certain nombre d'entre elles s'échelonne à l'est de la rue des Canotiers. La quasi absence de résidences entre celle-ci et la rivière s'explique par l'établissement d'une carderie sur cette étroite bande de terrain dans la première moitié du XIXe siècle et plus tard par la présence d'une desserte de chemin de fer menant aux moulins des Price.
 

 

 

 

  • Quelques résidences du secteur

    MANOIR COUILLARD-DUPUY
    301, boulevard Taché est

    L'histoire du Manoir Couillard-Dupuy est intimement liée au morcellement de la seigneurie de la Rivière-du-Sud qui s'est effectué dans les années 1740. A cette époque, Paul Couillard, fils de Louis-Couillard II, ajoute à son nom le patronyme Dupuy en l'honneur de son oncle Paul Dupuy qui l'avait adopté après le décès de sa mère en 1710. Petit-fils de Paul, Jean-Baptiste Couillard-Dupuy qui fut seigneur du domaine de la rive droite de la Rivière-du-Sud entre 1797 et 1841 se fait construire cette résidence en 1798. Le toit aigu à deux versants et les fenêtres françaises à douze carreaux de l'ensemble témoignent de l'esprit français de la fin des années 1700. Rappelons que ce manoir a sans doute été construit sur les ruines du précédent, brûlé lors de l'incendie de la Côte-du-Sud par les militaires anglais.

    Le manoir se situe sur un domaine important qui s'étend jusqu'au bassin de la rivière du Sud. Au sud, on y trouva longtemps une zone marécageuse dépourvue d'arbres appelée dans le langage populaire la « savane ». Celle-ci s'étendait au nord presque jusqu'à la rue Saint-Ignace. Le seigneur en profite pour faire construire un moulin à scie à proximité des chutes. Il ajoute à son domaine un four à pain, aujourd'hui abrité par un bâtiment identique à l'original. Au cours des années, cette maison a subi plusieurs modifications. Un appentis situé à l'est lui était ajouté vers 1835.

    Dans les années 1940, le manoir possédait au nord une galerie s'étendant sur toute la façade, mais celle-ci disparaissait dans les années suivantes. Classé monument en 1961 par le ministère des Affaires culturelles, son intérieur a été considérablement modernisé en 1969. Toutefois, en 1988, on procédait à la restauration extérieure du bâtiment en lui redonnant l'aspect qu'il avait sur des photographies d'époque. On lui ajouta ainsi, une galerie au nord et une véranda au sud. Depuis 1992, il abrite le Musée de l'accordéon.

     

     

    MAISON LOUIS-COUILLARD-DUPUIS
    7, rue des Canotiers

    Cette maison a été érigée sur un vaste lot que possédait Louis-Couillard Dupuis (père) en 1877. Durant une certaine période, Couillard-Dupuis pourrait bien avoir ont loué une bonne partie de son terrain afin de permettre à certains travailleurs de se construire. Ainsi, les terrains n'appartenaient pas aux propriétaires des maisons. Ces derniers devaient donc nécessairement se construire des maisons en pièce sur pièce et l'assembler en queue d'aronde de manoir à pouvoir les démonter et les déménager. D'ailleurs, une hypothèse veut que cette maison fût située sur un autre site et qu'elle ait été déménagée sur son emplacement actuel.

    La maison Louis C. Dupuis a été construite dans l'esprit du style dit Regency. Ce type architectural correspond généralement à la villa du XIXe siècle. Celle-ci se retrouve normalement en milieu semi-urbain ou rural et elle est entourée d'un terrain assez vaste permettant d'aménager un jardin. Le toit à quatre versants de cette maison caractérise ce style architectural. En façade, les fenêtres sont flanquées par des persiennes et surmontées de quelques éléments décoratifs.

    Il est difficile de connaitre les propriétaires de cette maison avant 1882. Après cette date, il faut attendre 1910 pour assister à la location du terrain et à la vente d'une maison de Elud Bélanger et Azilda Tardif à Alfred Paradis, tous deux commerçants à Rivière-du-Loup. En 1941, Louis Couillard-Dupuis, fils reconnaîtra que l'ensemble du terrain et de cette maison appartient à la famille Paradis.

     

     

    MAISON ÉMILE-D'AMOURS DIT COURBRON
    304, rue Basse-Bretagne

    L'histoire de cette maison n'est pas sans lien avec l'ancien domaine de la famille Couillard-Dupuis, propriétaire de la partie est de la seigneurie de la Rivière-du-Sud. Elle se situe dans un hameau formé à la fin du XVIIIe siècle où gravitent à plusieurs activités économiques. De fait, la présence d'une carderie, d'un moulin à farine, d'un moulin à scie et d'un petit chantier de construction navale attire une main-d'oeuvre spécialisée. C'est sans doute pour cette raison que certaines maisons ont été habitées par des artisans et des pêcheurs.

    Au début des années 1880, la propriété appartient au juge de paix Louis-Couillard-Dupuis et sa femme Henriette Giasson. Après avoir appartenu à cette ancienne famille de seigneurs, elle passe en 1917 aux mains du journalier Emile D'Amours dit Courbron (Courberon). Momentanément acquise par l'avocat Maurice Rousseau, elle est acquise successivement par le contremaitre et charpentier de navires Joseph Marticotte (1927), le cultivateur Joseph Thériault (1931), le menuisier Napoléon Lebel (1949) et le pêcheur Jean-Marc Lachance (1958).

    Cette résidence a été construite après 1840. La présence de certaines de ses caractéristiques architecturales le démontrent : la cave, la galerie, la hauteur des fenêtres et l'angle du toit. À l'arrière, une petite véranda augmente le volume de la maison. À l'est du bâtiment, un petit garage y a été ajouté après sa construction. La porte de la façade témoigne de l'influence du style néoclassique prédominant dans l'architecture après les années 1850. La galerie est ornée d'un garde corps dont les balustres de métal éléments rappellent étrangement la forme de patins à glace.

     

     

    ANCIEN MOULIN À FARINE JEAN-BAPTISTE-COUILLARD-DUPUY
    22, rue des Canotiers

    Dès 1675, la force hydraulique de la rivière a permis de faire tourner les roues des moulins à farine des seigneurs Couillard. Cette année-là, Louis Couillard demandait à Mathurin Morisset de lui construire un moulin à farine de 20 pieds de longueur sur 18 de largeur. Ce premier bâtiment sera toutefois la proie des flammes en septembre 1759, lors de l'incendie de la Côte-du-Sud par les Anglais. Il sera reconstruit en 1761 à partir des ruines du précédent. Il mesure alors 30 pieds de longueur sur 26 de largeur. Une petite maison logeant le meunier sera construite à proximité. Avant 1845 on le désignera sous le nom de Grand Moulin pour le distinguer du Petit Moulin construit en bordure de la rivière des Vases

    Afin de répondre à la demande, le seigneur Jean-Baptiste Couillard Dupuy fait construire un nouveau moulin en 1845, lequel sera sous la responsabilité du charpentier Antoine Barlebel. Doté cette fois de quatre moulanges, il mesure 70 pieds de long sur 36 de large. Comprenant un logement pour le meunier, le bâtiment possède deux étages. L'accès à la partie du moulin se fait par le sous-sol.

    Ce moulin connaît une histoire tragique. Sa partie inférieure a subi des dégâts lors de l'importante inondation de 1968. Ce bâtiment subit différentes transformations au cours des ans. Il se présente avec deux sections bien distinctes. La partie est comprend deux étages, mis à part le sous-sol. Deux lucarnes imposantes brisent la pente du toit, au nord comme au sud. Le moulin sera la proie des flammes le 20 novembre 1976. Sa partie Ouest disparaîtra en même temps qu'un ancien bâtiment abritant anciennement les installations de la compagnie Price. La résidence incorporée au bâtiment subira par la suite une restauration, tout en adoptant le style extérieur des maisons du XIXe siècle. Aujourd'hui, deux petites lucarnes ornent la chute du toit recouverte de tôle à la canadienne. En une centaine d'années, ce moulin est passé entre les mains de plusieurs propriétaires. Mentionnons la famille Couillard-Dupuis, la Lotbinière Lumber Pulp and Paper, la Price Brothers et Émile Collin.

Secteur de la rue Saint-Ignace

Étant la voie la plus directe entre l'est et le village, et le lien avec la route Nationale, la rue Saint-Ignace deviendra, à partir du milieu du XIXe siècle et jusqu'à l'érection du pont Rivard en 1952, l'une des rues les plus achalandées de la ville. Étant en dehors des limites officielles de la ville, ce secteur était alors connu comme le «Bas de la Paroisse»

Le secteur de la rue Saint-Ignace a longtemps été associé à l'industrie du bois. La scierie des Picard bordait cette artère de même que la compagnie Price qui possédaient une immense cour à bois et une desserte de chemin de fer le long de la rivière du Sud.

La vocation résidentielle de la rue Saint-Ignace est omniprésente. Le patrimoine architectural que l'on y trouve témoigne de plusieurs styles architecturaux. Certaines maisons ont conservées leur architecture d'origine. D'autres ont été transformées pour répondre aux besoins de leurs occupants.

Au niveau institutionnel, la rue Saint-Ignace a été le lieu choisi pour l'érection de la première église de la paroisse Saint-Mathieu en 1949. Cette dernière sera construite à partir d'une ancienne baraque ayant servie au camp militaire de Montmagny. Elle sera surmontée de deux petits clochers. Elle sera remplacée par une église plus imposante en 1967 de forme dodécagonale. À l'angle des rues Sainte-Anne, la rue Saint-Ignace a également accueilli le collège commercial Doyer mis sur pied par Emile Doyer et ouvert entre 1899 et 1930. Cet édifice a subi plusieurs rénovations et aujourd'hui on y trouve quelques logements.

 

 

  • Quelques résidences du secteur

    MAISON NAPOLÉON-FORTIER
    159, rue Saint-Ignace

    Cette maison a été construite aux environs de 1850 sur un vaste lot de terre fertile servant pour l'agriculture. Bornée à l'est par le ruisseau du Pouce, aujourd'hui disparu, et par le bras Saint-Nicolas, elle fait partie d'une série de maisons qui se construisent sur la rive sud de la rivière, dans la seconde moitié du XIXe siècle. Cette résidence possède toutes les caractéristiques de la maison québécoise d'inspiration néoclassique. Son toit à deux versants et son larmier se prolongeant au-dessus de la galerie sont recouverts de tôle à la canadienne. Le revêtement de ses murs extérieurs est fait de tôle embossée. Il est difficile de connaître les premiers occupants de cette maison. Nous savons par contre qu'elle a connu plusieurs propriétaires au début des années 1900, notamment le sacristain Napoléon Fortier, Richard Proulx ainsi que Louis Fortier et sa femme, Amanda Bélanger, en 1940.

     

     

    ÉGLISE SAINT-MATHIEU
    260, avenue Louise

    Cette église a été construite entre 1965 et 1967 par l'entrepreneur J.P.A. Normand selon les plans de l'architecte Albert Leclerc, originaire de L'Islet. Sa forme dodécagonale, sa structure en béton et son recouvert de bardeaux d'asphalte rompent avec l'architecture traditionnelle religieuse du Québec. L'intérieur du temple comprend une nef à un vaisseau ornée de vitraux réalisés vers 1967 par le maître verrier français Maurice Max Ingrand.

    Parmi les oeuvres que l'on y trouve, on notera le chemin de croix signé par le sculpteur Pier Cloutier et, dans le choeur, une statue de saint Mathieu exécutée par Jean-Joffre Gaudreau. Le mobilier, en érable ondé, a été fabriqué par Nilus Leclerc de L'Islet.

    Le site sur lequel se situe ce lieu de culte a vu s'ériger la première église de la paroisse Saint-Mathieu en 1949. Étonnamment, on se servira à ce moment d'une hutte de l'ancien camp militaire de Montmagny qui sera aménagée et éventuellement surmontée par deux petits clochers. Celle-ci pouvait accueillir 525 personnes. On lui ajoutera, au sud, deux transepts. Toutefois, la nécessité de construire un nouveau temple se fit très tôt sentir en raison de l'accroissement de la population de la ville. Dès le début des années 1960, le curé fondateur de la paroisse sera au centre des démarches pour obtenir une église plus vaste. L'église Saint-Mathieu sera inaugurée le 26 août 1967.

     

     

    MAISON THOMAS-TALBOT
    191, rue Saint-Ignace

    Cette maison a été construite au XIXe siècle, mais elle a été transformée considérablement au début des années 1950. À l'origine, il s'agissait d'une petite maison de colonisation sans lucarnes qui a pris l'apparence d'une résidence de style vernaculaire américain avec sa galerie et son toit peu incliné. Se situant en bordure de la rivière du Sud et dans un secteur ouvrier de la ville, elle représente l'un des rares exemples de complémentarité entre l'atelier de l'artisan et son lieu d'habitation. L'intérêt patrimonial de l'ensemble repose sur le passage couvert entre la maison et l'atelier. Le carré principal de cette maison a très certainement été construit avant 1884. Celle-ci était la propriété du menuisier Thomas Talbot. Après son décès, l'ensemble de la propriété est légué à sa fille Alexina et son mari Cyrille Bernatchez qui pratique le même métier. En 1938, les enfants des Bernatchez héritent des bâtiments et les vendent au menuisier Gérard Gagné.

     

     

    MAISON HENRI-HONORÉ-ROBERTSON
    252, rue Saint-Ignace

    Cette maison a été construite avant 1872 dans la partie rurale de la paroisse Saint-Thomas. Ainsi, elle s'est greffée à une terre agricole ayant été très tôt assujettie aux droits seigneuriaux. Avec son toit mansardé recouvert de tôle à la canadienne, on peut l'identifier au style Second Empire. À l'origine plus modeste, cette maison a fait l'objet d'un agrandissement vers l'ouest comme en témoignent l'asymétrie de ses fenêtres et une ligne de séparation sur le toit. Le plus ancien propriétaire connu est le marchand Joseph Mercier. En 1872, celui-ci procède à la vente. C'est l'arpenteur Henri-Honoré Robertson qui acquiert cette imposante demeure à toit mansardé ainsi que ses dépendances. Après son décès, elle passe aux mains de sa femme, Marie-Louise Thompson. En 1894, celle-ci décide de vendre la maison, le terrain et les bâtisses dessus construites à Marie-Hortense Bernier, veuve du cultivateur Cyrille Bernier. L'ensemble de la propriété sera cédé à Ludger Couillard en 1901.

     

     

    MAISON JOSEPH-MERCIER
    255, Saint-Ignace

    Cette maison a été construite en 1872 comme en témoigne une pierre millésimée trouvée dans les fondations. Elle se situe dans un secteur qui s'est urbanisé dans les décennies suivantes. Son architecture se démarque des autres maisons environnantes qui s'inspirent davantage du style néoclassique. La propriété comprend encore aujourd'hui les anciennes glacière et latrine. Les caractéristiques architecturales de cette maison sont étroitement liées au style Regency qui a été populaire au XIXe siècle, notamment chez les marchands et les professionnels. Son toit à quatre versants, associé à une ornementation chinoise, rappelle une mode de cette époque qui valorisait la culture chinoise.

    Il est difficile de constituer la liste des premiers propriétaires et occupants de cette maison car la propriété concerne trois lots. En 1872, le marchand Joseph Mercier vend trois terrains à l'arpenteur de Lévis Henri Robertson. Mais, selon les actes notariés, Joseph Mercier semble se réserver une résidence avec hangar et engrais sur l'un de ces trois terrains. Est-ce cette demeure? Pour sa part, Robertson ne tarde pas à quitter Lévis pour s'établir à Montmagny dans les années suivantes. La lumière n'est pas faite sur la façon dont il devient propriétaire de cette maison. Nous savons par contre, qu'elle passe probablement aux mains d'Étienne Fournier avant d'être achetée par William Price. Ce dernier la vendra le 14 mai 1908 à Alphonse Thibault. Cette résidence restera dans la famille Thibault jusqu'en 1963, puis la famille de Rosaire Chabot en fera l'acquisition. Elle sera plus tard acquise par Michel Morency et transformée en résidence pour personnes âgées.

     

     

    MAISON CHARLES-JONCAS
    265, rue Saint-Ignace

    Cette maison a été construite entre 1880 et 1884. Elle se situe dans un secteur résidentiel de la ville où l'on pouvait trouver de petits commerces au XIXe siècle. Selon les recherches effectuées, il est probable qu'un magasin ait été ouvert à l'est de cette maison dans les années 1920, peut-être celui d'un marchand général. Les caractéristiques de cette résidence illustrent à n'en point douter l'éclectisme que l'on pouvait constater dans l'architecture québécoise de la fin du XIXe siècle. D'abord, elle possède un plan surélevé ainsi qu'un toit mansardé qui sont le signe d'une influence du style Second empire. Également, sa galerie et ses colonnes démontrent une inspiration néoclassique. Enfin la baie en saillie, son toit en bardeaux en forme d'écailles ainsi que ses nombreuses moulures, ajoutent de façon évidente un esprit victorien à l'ensemble. Les vérandas du côté ouest et nord représentent ce caractère pittoresque qui était encore bien présent à l'époque.

    Cette maison a été construite par Charles Joncas. Elle sera la propriété de Félicité Joncas en 1880 qui en hérita de ses parents. Après son décès, elle passe aux mains de son mari Joseph Fournier. Celui-ci convolera en justes noces en 1885 avec Emma Gaudreau. En 1922, Joseph Fournier lèguera sa résidence à François-Xavier Dionne, le fils de sa deuxième épouse. Ce dernier est dessinateur et il se fait connaître comme marguiller de la paroisse Saint-Mathieu. Il vendra une partie de sa propriété à Damecil Gaumond en 1937, mais à la condition que le nouveau propriétaire déplace le magasin attenant à la maison. Cette résidence restera aux mains de la veuve de Dionne jusqu'en 1973.